25 novembre 2014, 16:11
Posté dans : Actualités, La Haute-Marne, actualité et prospectives

Parc National entre Champagne et Bourgogne

Mon courrier adressé aux présidents de la FDSEA 52 et des JA 52, le 13 novembre 2014

        Monsieur le Président,

J’ai eu le plaisir de vous recevoir il y a quelques semaines, et nous avons pu discuter ensemble autour de votre « oui, mais ». Les inscriptions sur nos routes et le relais de votre position nouvelle d’opposition dans la presse m’interpellent et me navrent, car il s’agit bien là d’une fin de non-recevoir :

Vouloir un Parc sans terres agricoles, c’est un peu comme imaginer un idéal chaumontais sans meringue (pour rester local, et bien que je convienne que la proportion puisse être un peu élevée !).

Aussi, permettez-moi de m’en ouvrir un peu plus auprès de vous.

Le temps n’est certes plus où je pouvais appeler à se lever les femmes et les hommes de ce terroir pour que surgisse la vigne du néant, mais je veux garder cette foi en cette terre haut-marnaise qui m’est chère depuis autant de générations que vous, pour l’appeler à cette audace qui a souvent fait sa force.

Je ne suis pas votre adversaire, loin de là.

Depuis des années, au Parlement, je soutiens les mesures novatrices et parfois rudes pour notre environnement, afin de vous aider à conserver une agriculture compétitive, et ce malgré mes doutes, conscient que nous sommes arrivés au bout d’un système.

Aujourd’hui, je veux prendre mes responsabilités de politique, mais je demande avec solennité que chacun de vous assume les siennes en qualité de citoyen, en répondant au-delà de son « pré carré ».

Oui, la Haute-Marne est une terre de ruralité et doit rester fidèle à sa vocation agricole et forestière.

Pour autant, l’agriculture et la forêt peuvent-elles rester le seul avenir de ce département ?

Ont-elles le droit de s’exempter de la réflexion sur leur devenir et les enjeux de tout un territoire ?

Ce sont là les questions – et les seules questions – qui nous sont posées par les responsables du dossier, au stade actuel de la procédure.

Seule une réponse positive permettra de construire et donner corps à un projet de développement autour du Parc National en gestation.

Certes, il demeure des doutes, comme pour le nucléaire, pour les OGM et pour l’extraction du gaz de schiste.

Certes, on n’a sans doute pas appréhendé l’inquiétude des agriculteurs à sa juste mesure.

Pour autant, a-t-on le droit, au nom d’un confort intellectuel, au nom d’une tradition qu’on dévoie chaque fois que l’intérêt nous y appelle, de refuser le débat, le pari de la réflexion, celui du vivre ensemble et du challenge de la construction d’un projet qui peut changer le destin d’un territoire qui est malheureusement en inexorable déclin ?

Le monde agricole, parce qu’on le respecte dans une époque où tout s’étiole et parce qu’il est porteur de valeurs essentielles, détient, certes, la faculté, dans cette phase de doute, d’incliner la décision.

Mais à quoi correspondrait une telle attitude à ce stade ? Au refus d’un projet contre un autre, au rejet d’une voie nouvelle ? Non, puisque cela ne correspond pas à la question posée.

La seule chose dont nous soyons, en effet, instruits et certains à l’heure actuelle, c’est que demain sera autrement, et avec le Parc, indubitablement aussi, mais qui peut dire que le statu quo est le seul qui vaille ? Qui n’éprouve aucun doute sur l’avenir proposé ? Etes-vous prêts à refuser la confrontation des idées et le pari de l’intelligence collective, au risque d’entrainer l’autre dans la négation d’un avenir nouveau pour ce territoire ?   Pourrez-vous, demain, regarder vos fils et vos petits-enfants en leur opposant la seul excuse de n’avoir pas voulu réfléchir autrement ?

Je veux vous exhorter à un acte de foi en la vie, ou à tout le moins, au pari Pascalien et si demain le projet obtenu ne convainc toujours pas, alors il sera toujours le moment de le condamner, et je serai le premier à marcher avec vous, en tête du cortège des opposants.

Mais, de grâce, ne nous trompons pas de question, ne nous trompons pas de combat, ne nous trompons pas de tempo !

Il n’y a rien de pire que ces réveils avec la gueule de bois et cette lancinante question de ce que l’on a bien pu faire dans un moment obscur et sur lequel on ne pourrait plus revenir !…

Avec mes collègues parlementaires, dont je suis certain du soutien, nous sommes prêts à vous accompagner auprès des ministres concernés, pour que soient clarifiés les positions et les limites des contraintes réelles ou ressenties.

Nous ne sommes pas dans le schéma du combat syndicat classique, où on négocie dans un bras de fer alternatif. Dans cette confrontation, les trains ne passent qu’une seule fois.

Il importe donc que les forces vives et responsables du territoire se retrouvent enfin, dans l’intérêt de ce département et de ses habitants.

Je reste à votre disposition, et vous prie, Monsieur le Président, d’agréer l’assurance de mes salutations distinguées et dévouées.

Charles GUENÉ

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Ce billet a été publié le mardi 25 novembre 2014 à 16 h 08 il se trouve dans la catégorie Actualités, La Haute-Marne, actualité et prospectives.