20 février 2023, 10:02
Posté dans : Actualités

Le B.A. BA de l’équation des retraites

mes réflexions sur la réforme des retraites 2023

Dans un système de répartition, ce sont les actifs qui paient, pour l’année en cours, grâce à leurs cotisations versées, pour ceux qui sont en retraite.

Par opposition au système de capitalisation, où chacun placerait ses cotisations et recevrait, le moment venu lors de son départ en retraite, une rente issue des produits placés et de son capital…

Depuis plusieurs décennies, ce système de retraite – dit de répartition – subit de plein fouet une double atteinte qui menace sa pérennité.

En effet, alors que dans le système originel, au moment de sa mise en place à la Libération, nous étions 4 à travailler pour 1 retraité, nous sommes aujourd’hui 1,7 actif pour 1 retraité, et nous serons bientôt 1,2…

D’autre part, auparavant nous vivions de l’ordre de 5 ans en retraite. Aujourd’hui, du fait de l’allongement de la vie, nous vivons près de 3 fois plus longtemps en retraite.

Ces tensions sur les deux termes essentiels de l’équation des retraites ont déjà entrainé de nombreuses modifications du régime, qui sont allées de la hausse des cotisations à la remontée de l’âge de la retraite et de la durée de cotisation, mais le mouvement inexorable de l’affaissement de notre démographie et de l’allongement de la vie impose une nouvelle révision d’ampleur.

Notre système souffre aussi d’une aggravation des tensions dans la mesure où nous avons procédé à deux réformes contracycliques. L’abaissement de la retraite de 65 à 60 ans en 1981 et le passage aux 35 heures qui ont très largement plombé le système, qui repose sur la masse des cotisations annuelles, donc du travail produit qui a été ainsi diminué de l’ordre de 20%, ce que n’a pas compensé une bonne productivité…

Quelles sont les variables d’ajustement évidentes :

  • L’alternative la plus simple serait de baisser le montant des retraites !…

Difficile à faire entendre, d’autant plus que sur le plan économique cela affaiblirait la croissance et provoquerait une hausse du chômage et donc des cotisations qui alimentent les retraites.

  • Il en serait de même si nous augmentons les cotisations salariales sur les retraites.
  • Nous pourrions alors tenter d’augmenter les cotisations patronales mais, cette fois, nous porterions atteinte à la compétitivité des entreprises, augmentant leur prix de revient, donc diminution de la croissance (idem schéma antérieur en plus important), car les entreprises n’épargnent pas, mais distribuent ou investissent.

En dehors de ces mécanismes techniques, comment agir sur les paramètres ? (Démographie et durée du travail) :

  • Travailler plus : 36 h, par exemple au lieu de 35 h, voire 37 ou 38… ou alors répartir autrement le travail durant la vie : 40 heures jusqu’à 50 ans, puis de manière dégressive réduire à 32h ou 34h ensuite. Pourquoi pas, nous avons souvent moins de besoins en vieillissant ?

L’essentiel étant d’augmenter sensiblement la masse de travail de « l’usine France », tout en tirant les enseignements de l’évolution de notre rapport au travail d’après COVID.

D’autres pays ont favorisé l’immigration pour augmenter leur masse de travail (voir l’immigration turque en Allemagne) et compenser leur démographie. Cette éventualité ne semble pas en vogue dans notre pays… Comme nous le voyons, notre système souffre d’un déficit de travail. (La Chine va être confrontée à ce phénomène d’une manière gigantesque dans les années qui viennent avec la chute vertigineuse de sa démographie)

Nous portons, au sein des LR, également l’idée d’une nouvelle politique familiale avec des avantages aux mères pour favoriser la natalité (mais les effets se feront sentir à plus long terme), car si nous ne faisons pas plus d’enfants, il faudra recourir à l’immigration…

  • Réduire les avantages des régimes spéciaux : Le principe des régimes spéciaux, à l’origine, était censé compenser la pénibilité de certains métiers. Les avantages consentis sont très souvent devenus des rentes de situation ou, à tout le moins, surdimensionnés par rapport aux aléas de certains métiers et ne se justifient plus à due proportion.

La réforme actuelle a pris la décision de les supprimer, mais en adoptant « la clause du grand-père » qui signifie qu’ils sont supprimés pour les nouveaux entrants, mais qu’ils demeurent pour ceux qui sont rentrés jusqu’au jour de la réforme… De cette manière, ils ne disparaitront que dans 43 ou 44 ans… Le principe est atténué par le fait qu’il a été admis que ceux qui sont à l’intérieur (et sous réserve de ceux qui vont partir très bientôt) devront effectuer deux ans de plus pour atteindre l’âge pivot de retraite de leur régime spécial…

Ce qui pourrait paraitre équitable, mais l’âge de décote privilégié n’a pas été modifié en parallèle, ce qui aboutit à ne rien changer pour les 80% qui partiront au moment d’atteindre l’âge de la décote !…

Syndicats et gouvernement se sont accordés pour ne pas remettre en cause cette iniquité et demandent aux parlementaires de faire la même chose ( !). Donc circulez, il n’y a rien à voir…

Fort de ces impossibilités techniques et politiques, c’est ainsi qu’ont été arrêtées les bases de la nouvelle réforme, ce qui aboutit à faire se côtoyer dans les cortèges des gens qui aspirent à tout et son contraire…

 

Dès lors, et faute de pouvoir instaurer une part de retraite par capitalisation qui viendra tôt ou tard, c’est ainsi que le gouvernement a proposé de reporter l’âge de la retraite à 64 ans (qui n’est pourtant pas encore le niveau des 65 ans de 1981 !)

Il aurait pu être préférable d’obliger tout le monde d’effectuer 44 ans de cotisations ?

Cela permettrait effectivement à ceux qui ont débuté à 16 ans de terminer à 60 ans, mais reporterait l’âge de la grande majorité qui débute vers 21 ans à 65 ans, et un grand nombre à 66 ou 67 ans…

Sachant que le système actuel nécessite, si tout va bien, environ 12 milliards par an, à l’horizon 2030 pour être équilibré (sauf à réduire les retraites ou augmenter les cotisations), il faut donc trouver un équilibre entre les deux systèmes (64 ans et 44 ans de cotisations) tout en ne portant pas l’âge limite sans décote au-delà du raisonnable (il est actuellement à 65 ans) :

  • En provoquant le minimum d’iniquité et en compensant la situation des mères de famille,
  • En servant une meilleure retraite aux plus démunis,
  • En servant un supplément aux métiers les plus pénibles ou en réduisant leur durée de travail,
  • En réactivant le fonds de réserve créé par Lionel JOSPIN en 2001,
  • Tout en ne dépassant pas le surcoût prévu de 6 milliards pour ces améliorations (soit un total de l’ordre de 18 milliards/an à l’horizon 2030)

Voici donc exposé sommairement le pensum de vos parlementaires !

Cela vous donne une petite idée des données de la difficile équation de la réforme. Mais penser qu’on pourra supprimer les iniquités accumulées dans le temps en une seule fois, alors que nous sommes à la recherche de 12 milliards est une illusion. L’essentiel est de ne pas aggraver les inégalités en demandant un effort moindre à ceux qui consentent plus d’efforts actuellement…

La solution passerait avant tout par l’augmentation du temps de travail, au regard de celui qu’effectuent les pays qui nous entourent, car nous vivons dans un univers mondialisé, ce qui ne semble pas très populaire…

Il ne serait sans doute pas impossible de jouer aussi sur plusieurs curseurs à la fois, notamment au niveau d’une fiscalité sur les opérations boursières ou la TVA (par exemple), ce qui permettrait de la « flat tax » (impôt à faible taux, mais à large base qui rapporte beaucoup), sans porter atteinte à la compétitivité, mais la voie est très étroite.

Ne rien faire, c’est condamner le montant des retraites à baisser inexorablement.

Le COR indique, même si cela ne semble pas l’émouvoir, que de 103,50% du salaire actuel, elles se retrouveront, en 2030, à environ 80% par rapport au salaire moyen…

Pour plus d’information, ou pour engager le débat, je reste néanmoins à vote écoute.

Bien cordialement

Charles GUENÉ

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Ce billet a été publié le lundi 20 février 2023 à 10 h 43 il se trouve dans la catégorie Actualités.